A mon père


Si le propre des anges est de filtrer le mal et de restituer le bien en gardant toujours le même sourire empreint de douceur et de générosité – alors mon père en fut un!
Si l’on reste enfant tant que nos yeux gardent cette lumière interrogative et émerveillée – alors mon père est resté un enfant qui n’a jamais connu la méchanceté, jusqu’au bout!
Si la vie ne nous est donnée que pour l’effeuiller au contact du monde, alors mon père l’a brisée en milliers de morceaux de lumière qu’il a offert à tous ceux qui ont croisé son chemin. Sans jamais épargner ses forces et sa sensibilité, sans l’ombre d’une rancœur.
Son élan permanent vers les autres fait que, aujourd’hui, nous sommes tous là pour l’accompagner: la famille, les amis, les étudiants et même les personnes qu’il a à peine rencontrées et qui avons tous été touchés par ses ailes d’esprit et de cœur.
Il a poussé les limites de son corps toujours plus loin dans la course perdue d’avance avec les ressources infinies de son âme; jusqu’à voir son petit-fils atteindre les sept ans qui, selon la croyance roumaine, permettent à un enfant de s’imprégner de toutes les valeurs fondamentales de la vie. Et il l’a fait, obstiné et doux à la fois, heureux de le voir et triste de pressentir que le temps lui était compté et qu’il n’allait pas pouvoir le soutenir encore très longtemps.
Dire aujourd’hui qu’il va me manquer serait futile et mensonger. Car je sais déjà que du lever au coucher du soleil, chaque instant trouvera son écho dans tel ou tel moment du passé. Il a été et restera mon repère, mon soutien et mon interdiction de tomber.
Puisse-t-il être accueilli en paix, là où il va, par ceux qui, comme lui, sont si rares ici-bas: Daria, Vasile, Vadim, Richard.
Quant à nous, il ne nous reste que la dure tâche de ne pas trop le décevoir.
Saluons une dernière fois le Grand Homme qui fut, tout simplement, mon papa!